Bloguidien #3 : le salaire à vie

Je me prends au jeu du Bloguidien, sans garantie de le tenir dans la durée, ou de l'appliquer au plus près des règles proposées (plutôt qu'imposées). Pour vous résumer l'idée, il s'agit d'une opportunité d'écrire à travers des propositions de sujet, chaque jour, publiées sur le site du Bloguidien et à travers son pendant social robotique. Viens nous rejoindre pour cette aventure ?!

Salaire à vie, tu n'es pas obligé·e d'avoir un travail subordonné. Tu fais quoi de tes journées ?

Je fais partie d'une sphère extrêmement privilégiée (ou aliénée, au choix), étant donné que j'imagine continuer le travail que j'effectue sur le logiciel libre et open-source. Mon travail est une ancienne passion. Un·e sage a dit une fois « fais de ta passion ton travail, et tu n'auras jamais l'impression de travailler un seul jour de ta vie » ; quelqu'un d'encore plus sage a corrigé en « fais de ta passion ton travail, et tu n'auras plus jamais l'occasion de profiter de ta passion un seul jour de ta vie ». Mon travail reste passion, parfois, mais il arrive effectivement qu'il soit frustrant, que si j'avais une autonomie parfaite et un contrôle entier sur mes tâches, je ne ferais pas exactement ce que je fais en ce moment, au quotidien. La conséquence d'un salaire à vie, garanti, pour moi, serait donc son action libératrice, réjuvénatrice, re-ludifiante, sur ma passion. Je passerai probablement plus de temps sur mes projets personnels, et je m'amuserai beaucoup plus de l'informatique, à essayer de comprendre comment les choses marchent, à tester, à créer pour le fun, sans contrepartie.

Comme beaucoup de penseur·euses du salaire à vie / revenu inconditionnel l'ont mentionné par le passé, une réflexion se pose par rapport à ce que l'on appelle les « métiers pénibles » : qui les ferait encore ? Le chapitre sur ce sujet dans Ce que nos salaires disent de nous de Baptiste Mylondo déconstruit brillamment les sous-entendus de la question, et révèle les choix sociétaux sous-jacents, acceptés comme un statu quo gêné. Sans dévoiler le raisonnement, la conclusion que j'en ai tirée est qu'un salaire à vie s'accompagne indubitablement d'un partage de la pénibilité. Je prendrai donc ma part de travaux pénibles. Mais pourquoi ne pas le faire dés maintenant alors…? Aucune idée du comment.

Et sans se mentir, je profiterai également de tout ce temps libre à me prélasser, à me distraire, à passer du temps avec des ami·es et des êtres aimés, à rire, jusqu'à n'avoir plus soif. Personne ne peut s'épancher d'oisiveté indéfiniment (et si quelqu'un y arrive, sincèrement tant mieux pour iel 😊), donc j'imagine toujours revenir à un moment à des activités ou hobbies qui ressembleraient un peu plus à du travail, ou nécessiteraient un minimum d'effort ou de concentration supplémentaire. Avec toujours, à la clé, l'assurance d'un repos d'une durée aussi longue que souhaitée. Le chill 😎

Bon, c'est quand, le salaire à vie, déjà ?