A small personal blog post about a day I've spent discovering and practicing screen printing. Written in French mostly out of laziness and because of the level of vocabulary precision that the domain involves. The pictures speak no particular language though, and whole-website translation is still a thing :-)

Sérigraphie

J'ai eu l'occasion de participer à un atelier/cours de sérigraphie, il y a quelques semaines, et je propose ici un petit retour d'expérience, pour changer des habituelles tribulations informatiques.

La sérigraphie est une méthode d'imprimerie sur moult supports (textile, papier, panneaux signalétiques,...), qui utilise des pochoirs intercalés entre l'encre et le support (d'après Wikipedia). Loin de moi l'idée de vous détailler l'historique ou la technique de la chose ; l'encyclopédie en ligne est là pour ça. Deux faits m'ont marqué plus que les autres, au cours des denses explications entendues ce jour-là.

La loi des séri

Le préfixe "séri-" dans le nom sérigraphie pourrait donner l'impression que la technique est dédiée à un travail ou une production en série, afin d'imprimer de nombreuses fois un même motif sur de nombreux supports. Cela fait sens : la sérigraphie est utilisée pour l'impression de motifs sur des vêtements, donc souvent à caractère commercial et à grande échelle. C'est d'ailleurs sur cette idée de production en masse qu'Andy Warhol base certaines de ses oeuvres. Les Maryline, par exemple, semblent être issues d'un même pochoir qui aura servi à imprimer à plusieurs reprises le visage iconique.

Seulement, non, pas du tout. Ce séri provient de la racine latine sericum, qui signifie "la soie", dont les fils étaient utilisés pour tisser les pochoirs. Maintenant on utilise du nylon pour des raisons économiques. Le nom original a été préféré au plus réaliste mais fantasque nylographie, on remerciera l'industrie.

Polychromie et précision

Bien que les tirages de sérigraphie tendent à n'arborer que quelques couleurs (de par mon expérience, ô peu exhaustive), il est possible de reproduire le spectre entier à partir des couleurs de bases, donc toutes les couleurs, théoriquement. Notre enseignante du jour nous a montré une reproduction d'une photo en sérigraphie, qui était réellement indiscernable d'une vraie photo à plus de 5 centimètres de distance. Pour cela, autant de pochoirs que de couleurs de base sont utilisés, avec des zones en commun pour effectuer la superposition. Il faut également utiliser des encres qui peuvent se superposer, en opposition à des encres opaques qui cacheraient l'encre sur laquelle elles ont été appliquées.

En outre, j'ai aussi été bien étonné par le niveau de précision des motifs que l'on pouvait imprimer. Moi qui pensais que l'on ne pouvait imprimer que des dessins grossiers, avec peu de détails ou d'enluminures, je ne pouvais pas moins me tromper. Depuis la découverte de l'encre ultraviolette, il est possible d'augmenter énormément la résolution des motifs qui formeront le pochoir, donc des dessins eux-mêmes.

L'activité en soi

À titre personnel, j'ai beaucoup apprécié cette activité, à la fois créative, avec une dose de manipulation physique et de précision dans le geste. La précision étant la principale source de disparités entre les novices et les expert.e.s.

J'ai été marqué par la quantité d'eau nécessaire pour le nettoyage des instruments entre deux impressions via un pochoir, ou entre deux créations de pochoirs (encore plus). Même après avoir vu comment les tee-shirts de la grande distribution sont fabriqués, ça calme.

Quel délice aussi de retrouver le plaisir de l'artisanat, un domaine dans lequel on peut commencer et avoir fini l'oeuvre de son travail. Pas de maintenance sur de longues années. Pas de support. Pas satisfait, on peut recommencer de zéro sans lourdeur. Deux tirages ne sont jamais les mêmes, et certains signes imprimés ne laissent aucun doute sur l'unicité authentique de chaque modèle. Un monde bien loin du développement informatique ; il est bien aisé de comprendre celleux qui rêvent d'une reconversion romantiquement idéalisée dans un domaine plus manuel et concret. Ou comme dirait M., on arrête tout et on va rempailler des chaises dans le Larzac.

Ma vie, mon oeuvre

Voici donc les quelques tirages que j'ai effectués.

Trois exemples de tirages papiers :

• avec un niveau de détails très elevé, monochrome

• avec superpositions de motifs et couleurs

• pareillement, pour représenter une case de comic issue de Strange Planet de Nathan Pyle. Notez que la texture est simulée via le tramage (~densité) et qu'il n'y a que deux couleurs (noir et bleu) qui ont été utilisées.

Ici sur sur un tote bag en coton bio (quitte à être un cliché de sa génération, autant l'assumer jusqu'au bout). Une petite pensée aux lecteur.ice.s designers, qui doivent recracher le trop commun Helvetica¹ par les trous de nez.

Pour mon petit projet personnel favori, j'ai imprimé un unique tirage du "logo temporaire" (temporaire depuis 6 ans, donc) sur un tee-shirt blanc aussi âgé que le projet. Avec une belle couleur dorée, pour rester dans un subtil bling bling. Unique au monde !

Et donc

Si jamais les employées d'Unique en Série où j'ai suivi le cours à Lyon, sur les pentes de la Croix-Rousse (comme par hasard !), passent par ici : merci à vous et d'avoir répondu à toutes mes pointilleuses questions !

Par ailleurs, je recommande l'expérience si vous vous sentez créatif.ve.s et que vous avez envie d'essayer une activité originale (BILLET NON SPONSORISÉ). L'avantage de ce genre de stage est qu'on peut venir avec ses propres motifs, moduler le temps qu'on y passe sur une durée plus ou moins longue : entre 3 heures pour le stage le plus court, jusqu'à plusieurs jours pour faire de la belle polychromie à plusieurs motifs. Pour suivre le cours théorique puis pratique puis faire une dizaine de tirages, il m'a fallu environ une journée complète. Le lieu offre aussi la possibilité de revenir en libre-service après avoir suivi un cours, ce qui est chouette pour augmenter la cadence de la production et pousser l'exploration plus loin. Amusez-vous bien !